La tragique histoire vraie de l’incendie du Bazar de la Charité

Parmi les morts, on compte une très large majorité de femmes, quasiment toutes de souche aristocratique ou de la grande bourgeoisie © La Une

Il est des incendies qui marquent l’Histoire, dont la tragédie dépasse le simple fait divers… Suite à la diffusion de la mini-série « Le Bazar de la Charité », avec Audrey Fleurot, Julie de Bona et Camille Lou, La Une propose un regard documentaire sur cet événement historique.

Bazar de la Charité, 4 mai 1897. Dans cette œuvre de bienfaisance située en plein Paris, des centaines de femmes sont réunies pour la cause des plus démunis. Pour divertir ces dames, un projecteur de cinéma (inventé deux ans plus tôt) a été installé . Vers 16h15, la lampe de projection du cinématographe a épuisé sa réserve d’éther et il faut à nouveau la remplir. Monsieur Bellac, le projectionniste, demande à son assistant Grégoire Bagrachow de lui donner de la lumière. Plutôt que d’ouvrir le rideau en toile goudronnée, celui-ci commet l’erreur fatale d’allumer une allumette. L’appareil est mal isolé, les vapeurs d’éther s’enflamment…

Un brasier fulgurant

16h20. Tout s’embrase. Au grondement de l’incendie répondent les cris de panique des 1.200 invités qui tentent de s’enfuir en perdant leur sang-froid. Certaines personnes tombent et ne peuvent se relever, piétinées par la foule, tâchant désespérément d’échapper aux flammes. En 15 minutes à peine, malgré l’intervention rapide des pompiers, le Bazar de la Charité n’est plus qu’un enchevêtrement de poutres calcinées et de corps carbonisés.

Plus de 120 personnes périssent, très majoritairement des femmes du plus haut rang de l’aristocratie de France et d’ailleurs, comme la duchesse d’Alençon, sœur cadette de Sissi l’impératrice, mais aussi des anonymes, bonnes ou démunies venant chercher de l’aide. Telle Cassandre, une voyante l’avait pourtant prédit quelques semaines auparavant…

Du fait divers au questionnement universel

Cette tragédie, qui a marqué bien des esprits de l’époque, a suscité de nombreuses réactions, dont certaines mettaient en question l’avenir du cinéma, un loisir encore très récent (1895) et considéré comme un simple divertissement de foire.

À travers ce documentaire, la réalisatrice Dominique Eloudy, accompagnée d’experts, retrace l’histoire de la plus grande manifestation caritative annuelle parisienne de 1897, devenue lieu d’enfer pour toutes les âmes qui s’y sont perdues. L’occasion de comprendre comment ce fait divers s’est transformé en véritable passion populaire, traité dans tous les journaux, semaine après semaine, jusque dans les détails les plus intimes. Un événement devenant même nourriture idéologique dans une société française aux abois, entre tradition et modernité, à l’aube du XXe siècle.

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